En cette période migratoire, l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac rejoint la blogosphère avec la publication de son nouveau site web.  Cette interface se veut un outil efficace et dynamique pour informer les ornithologues du Québec et d’ailleurs  sur des thèmes reliés à la migration des oiseaux. Un accent particulier sera bien sûr mis sur nos travaux menés chaque année en Haute-Côte-Nord. Les bagueurs et recenseurs de l’organisation pourront ainsi faire part de l’avancement de la migration aux dunes de Tadoussac, des journées ou nuits d’exception, des raretés et tout autre sujet d’intérêt.  Des chroniqueurs invités (chercheurs et étudiants universitaires, ornithologues passionnés ou autre),  pourront à l’occasion partager leur découverte et observations

Pour ma part, je vais profiter de cette plateforme pour transmettre l’information sur l’arrivée  printanière des oiseaux migrateurs au Québec, en utilisant diverses sources, telles que le site Birdcast, les prévisions des vents de surface et les images radar provenant des radars NEXRAD des États-Unis.  Ce type d’analyse est effectué depuis quelques années par des blogueurs aux États-Unis (Tom Auer, Max Henschell, Greg Haworth et David LaPuma), mais l’est seulement de façon ponctuelle au Québec, grâce aux rapports de Pierre Bannon et de quelques autres ornithologues sur le forum Ornitho-Québec.

De plus, je vais parfois m’avancer sur certaines prévisions quant à de probables corrections migratoires printanières de passereaux sur la Côte-Nord et à des conditions de «fall-out» au Québec.

L’activité migratoire en ce début avril

Voilà pour les articles à venir. Maintenant, en ce qui concerne l’activité migratoire en ce début avril, il n’y a personne d’étonner de voir que la migration a été au ralenti, voire nulle, au mois de mars, alors que les températures ont été largement sous les moyennes et que le couvert de neige et de glace étaient bien en place dans la vallée du Saint-Laurent. Or depuis 3-4 jours, les températures s’approchent des normales et les migrateurs, principalement des anatidés, font leur apparition dans le sud-ouest du Québec.

On peut d’ailleurs constater via l’image ci-dessous que la nuit dernière (1er au 2 avril) a été la première de la saison où les radars américains situés au nord de la Pennsylvanie montraient une activité migratoire nocturne. L’image montre une activité modérée à élevée pour  les radars de Binghamton et d’Albany dans l’État de New-York à 2h30 a.m. (soit 4h plus tôt que le UTC indiqué sur l’image). Une activité un peu plus faible a été notée pour le radar de Burlington dans le Vermont.

April1

Radars météo et migrateurs

Il est important de préciser ici qu’il est seulement possible d’observer les oiseaux ou tout autre cible de basse réflectivité (les chauve-souris, papillons ou autres) sur les radars américains. Au Canada, les images radar sont traitées pour éliminer les cibles de basse réflectivité et ainsi percevoir uniquement les précipitations (fort malheureusement…). Pour distinguer les précipitations des cibles biologiques, on notera d’abord que les précipitations sont des masses de forme diverses avec des niveaux de réflectivité très variables, donnant des colorations passant du bleu au jaune, vert et même rouge. Colorations qui montrent d’ailleurs le niveau d’intensité des précipitations. Pour ce qui est des cibles biologiques comme les oiseaux, le niveau de réflectivité demeure toujours bas (bleu foncé à bleu pâle). Les cibles forment un cercle plus ou moins large autour des radars qui apparaissent généralement une heure après le coucher du soleil et disparaissent en fin de nuit. Les nuits de bonne migration, on peut ainsi apercevoir une série de «beignes» bleus. C’était d’ailleurs le cas  de la nuit du 30 au 31 mars, alors que les migrateurs étaient plutôt en mouvement dans le centre des États-Unis, comme on peut le constater sur l’image ci-dessous.

Pour ce qui est de la composition des groupes migratoires détectés par les radars, on peut supposer qu’il s’agit surtout de passereaux hâtifs tel que certaines espèces d’embérizidés (juncos, bruants chanteurs), le Merle d’Amérique et roitelets. Une partie des cibles détectés peut aussi comprendre des anatidés, en particulier des Oies des neiges, du Garrot à œil d’or et diverses espèces de fuligules. Toutefois, les patrons de migration des anatidés qui longent souvent des cours d’eau en groupes compacts ne favorisent pas la concentration d’oiseaux telle que détectée par les radars (merci à Pierre Bannon, pour cette dernière précision!).

Sur ce, bonne migration!

Pascal Côté, directeur de l’OOT

March30