Mardi, 18 novembre 2014.

La station de baguage de l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac a terminé ses activités le 6 novembre et je m’efforçais depuis à compiler les données amassées depuis le début septembre. La saisi étant maintenant terminée, il est possible de dresser un portrait complet de cette saison qui a apporté son lot de belles surprises.

En 35 séances de capture divisées en 2 périodes continues, soit du 15 septembre au 7 octobre et du 21 octobre au 6 novembre, l’OOT a été en mesure de baguer 3445 oiseaux! Il s’agit du 5e plus haut total enregistré en 20 ans de baguage à Tadoussac. Les meilleures années remontent à la fin des années 1990 alors que l’OOT comptait sur une station de baguage avec davantage de filets. Ainsi en 1999, plus de 6200 passereaux avaient été capturés aux dunes, un sommet qui sera probablement jamais battu.  Il n’en demeure pas moins que les résultats obtenus cette année sont excellents avec une moyenne de près de 98 oiseaux par matinée!

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Pipit d’Amérique

Il va sans dire qu’il est difficile de comparer ces chiffres avec ceux obtenus avec d’autres stations qui ne fonctionnent qu’avec l’utilisation de «filets passifs», n’ayant recours à aucune technique particulière pour favoriser la capture des oiseaux. De notre côté, l’utilisation systématique de leurres audio aide grandement à avoir de très bons nombres d’oiseaux pour les espèces appelées.  À cet égard, l’année 2014 a été marquée par certains records. Le premier a été établi lors de la première période de baguage, avec la capture de 277 Pipits d’Amérique. Depuis la mise en place du projet de capture spécifique en 2007, le plus haut total noté remontait en 2012 avec 166 pipits bagués. La marque établie cette année est donc sans précédent et constitue fort probablement un record canadien. Du côté du Quiscale rouilleux, la prise de 60 individus constitue un très bon résultat et représente un taux de capture équivalent à 9,5% des oiseaux détectés en migration par le programme des relevés visuels (total annuel de 635 quiscales).

Tel que spécifié dans un autre article sur ce blogue, l’OOT a aussi contribué cette année à un nouveau projet de suivi télémétrique de la Paruline rayée et de la Grive à dos olive mis en place par Environnement Canada. Pour ce faire, les 2 espèces étaient «appelées» entre 5h et 7h le matin du 15 septembre au 1er octobre. Cette technique a permis de capturer 119 grives et 37 parulines! De ce total, 49 grives et 28 parulines se sont vues attribuer un émetteur (nanotag). Une fois cette étape effectuée, l’OOT était en attente de la récolte des données par les différentes antennes télémétriques situées le long du St-Laurent, jusqu’à Québec. Or, une telle récolte a déjà eu lieu pour certaines antennes. On a ainsi pu découvrir que plusieurs grives ont été détectées au Cap Tourmente et à Québec (baie de Beauport) et de façon plus surprenante à la Forêt Montmorency (1 individu), dans le massif des Laurentides à 70 km au nord de la ville de Québec.  Des parulines, moins nombreuses, ont aussi été détectées à Cap Tourmente et Québec. Il sera intéressant de voir les résultats pour les antennes situées près de Tadoussac et à La Malbaie!

Et vint les fringillidés

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Mur de Tarins des pins

Quand on fait le total des captures mentionnées ci-haut, nous sommes loin d’arriver à 3400 oiseaux. Ce chiffre s’explique par une seule famille d’oiseaux : les fringillidés! En effet, à partir de la mi-septembre, le recenseur de l’OOT a commencé à observer des passages réguliers de 100 à 400 Tarins des pins par jour.  L’équipe de baguage a donc cibler de façon non prioritaire cette espèce en mouvement à partir du 1er octobre, et ce, jusqu’au 7 octobre, date de fermeture temporaire des filets.  Par le passé, l’équipe de baguage avait pu constater que cette espèce répond TRÈS bien à l’utilisation d’un leurre audio! Il n’a donc pas été surprenant de baguer 451 oiseaux en 7 jours! Ce qui a été une surprise néanmoins, c’est plutôt de voir que l’espèce continuait à migrer en très bons groupes au retour le 21 octobre. L’OOT a donc poursuivi la capture du tarin jusqu’à la fin de la saison, le 6 novembre.

En combinant l’utilisation d’un système d’appel à seulement 2 filets, l’OOT a été en mesure d’établir un nouveau record pour le Tarin des pins, en capturant 1516 oiseaux!! L’ancien record remontait au fameux automne 2011 où tarins et sizerins avaient migré en nombres incroyables (30 000 et 53 000 individus recensés respectivement!). L’OOT avait alors bagué 1198 tarins. L’automne 2014 n’est pas une mauvaise cuvée non plus, avec le recensement en date du 17 novembre de 13 400 tarins.

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Sizerin flammé

Outre le tarin, l’OOT a également ciblé 2 autres espèces de fringillidés, soit le Sizerin flammé et le Durbec des sapins. Dans le cas du sizerin, l’utilisation d’une nouvelle enceinte de 4 filets a permis de capturer un nombre record d’oiseaux, soit 601 sizerins! De ce nombre, près d’une dizaine d’individus étaient de la sous-espèce rostrata qu’on reconnait par sa taille plus imposante et sa coloration plus brune au niveau de la tête, notamment. Cette sous-espèce niche dans une zone limitée de l’Arctique, soit l’Île de Baffin, le sud du Groenland et le nord du Labrador.

Pour ce qui est du Durbec des sapins, l’OOT a renouvelé son projet-pilote de bagues de couleur, lancé l’an dernier. Le projet consiste à poser une bague de couleur (jaune pour 2014) comprenant 1 lettre et 2 chiffres afin de faciliter la détection par le public de ces oiseaux. Ainsi si vous, lecteur de ce blogue, observé un Durbec bagué avec une bague de couleur, vous pouvez aller sur le site suivant pour entrer votre observation :

http://ootboreal.wordpress.com/

En termes de capture, l’OOT a bagué 171 durbecs cet automne, ce qui est un résultat inférieur aux 2 dernières années alors que 264 et 313 individus avaient été bagués. Toutefois, le fait notable pour la cuvée 2014 est le très fort pourcentage de juvéniles. Ainsi, 91% des durbecs qui se sont pris dans nos filets étaient des juvéniles! À titre comparatif, cette proportion était autour de 55% lors des 2 dernières années. Les données de relevés visuels indiquent une importante migration pour cette espèce cette année avec le recensement jusqu’à maintenant de 4639 oiseaux, soit le 3e plus haut total en 20 ans. Le tout pourrait indiquer que le durbec a connu une très bonne reproduction l’été dernier.

Les nyctales : bonne saison

La saison des nyctales à l’OOT s’est terminée le 30 octobre dernier après 55 nuits de suivi. Au total, 248 Petites Nyctales et 8 Nyctales de Tengmalm ont été capturées dans nos filets. La proportion de juvéniles chez la Petite Nyctale avoisine les 60%, ce qui est similaire aux résultats obtenus en 2006. Pourquoi comparer avec 2006? Car plusieurs facteurs convergent vers un scénario d’abondance rencontré pour la période 2006 à 2008. En 2006, les arbres, autant les feuillus que les conifères, avaient produit une quantité phénoménale de semences en forêt boréale, le tout avait été suivi par un pic d’abondance du campagnol à dos roux pour cet écosystème en 2007. Une telle population de proies avait favorisé le plus important mouvement de Petites Nyctales de l’histoire de l’OOT en 2007 avec la capture de 442 oiseaux! Suivant le cycle régulier du campagnol, l’abondance de ce petit rongeur a chuté drastiquement en 2008 menant à une irruption importante de Nyctales de Tengmalm. 178 oiseaux de cette espèce avaient alors été bagués à Tadoussac.

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L’une des Petites Nyctales recapturées cette année à l’OOT.

Tout ce détour pour dire que le scénario semble se répéter. La très bonne production semencière observée cette année sur la Côte-Nord, en Charlevoix et au Lac St-Jean pourrait favoriser une bonne survie et reproduction des petits rongeurs pour l’an prochain. Les Petites Nyctales pourraient donc être très nombreuses dans nos filets en 2015!

Mais d’ici là, notons également que l’année 2014 a été marquée par le festival des recaptures. En effet, 10 Petites Nyctales baguées dans une autre station sur le continent se sont prises dans les filets de l’OOT cette année.  Il s’agit du plus haut total de recaptures enregistré depuis 8 ans! Voici une carte de la provenance de ces oiseaux.

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Merci!

L’OOT tient à remercier chaleureusement tous les bénévoles qui ont donné de leur temps et de leur énergie à faire de cette saison un franc succès. Sans ce bénévolat, il serait impossible d’opérer cette station de baguage! Merci aussi à Junior Tremblay d’Environnement Canada, au Parc national du Fjord-du-Saguenay et au Ministère du Développement Durable, de l’Environnement et de la Lutte au Changement Climatique pour leur soutien financier et technique!

 -Pascal Côté, directeur de l’OOT.