1er septembre 2017

Pour l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac, l’automne débute réellement lorsqu’on entame les relevés visuels aux dunes de Tadoussac. Ce suivi est mené pour une 25e saison sans interruption! Un exploit qui fait notre fierté. Cette année encore, notre recenseur (Olivier Barden) a installé son matériel optique au belvédère Yvan-Duchesne, le 24 août.  Il y sera jusqu’au 25 novembre.

Il arrive souvent que les débuts des relevés visuels soient assez tranquilles avant les bonnes journées qui ont généralement lieu vers la mi-septembre. Cette année sera une exception notable. Voici donc un résumé des observations menées au mois d’août (du 24 au 31).

Les passereaux

JAAMatlas

Jaseur d’Amérique. Crédit : Olivier Barden

Dès les deux premières journées, les conditions furent optimales pour un bon mouvement migratoire avec des vents Ouest-Nord-Ouest. La matinée du 25 août fut d’ailleurs exceptionnelle avec un passage record de Jaseurs d’Amérique (2889 individus) et de Parulines obscures (528 individus). Dans le cas du Jaseur d’Amérique, les bonnes journées ont continué à se succéder par la suite. Ainsi en 8 jours d’inventaire en août, 6 d’entre eux ont connu des passages de plus de 700 jaseurs pour un total impressionnant de 7574 individus. Ce total rejoint presque le record annuel enregistré en 2006 qui comptait 8760 jaseurs. La moyenne annuelle, quant à elle, est plutôt de 2248. On peut dire sans hésitation que ce début de saison est du jamais vu pour le Jaseur d’Amérique. La suite des choses s’annonce des plus intéressantes, car l’espèce connait généralement son pic migratoire entre la 15 et le 30 septembre. L’espèce semble avoir connu une productivité incroyable en forêt boréale de l’est du Québec. Les causes d’un tel succès reproducteur sont difficiles à établir, mais il se peut qu’une grande disponibilité d’insectes, entre autres la Livrée des forêts qui était bien présente en Haute-Côte-Nord, ait pu contribuer à cette production de jeunes.

Le Jaseur d’Amérique ne fut pas la seule espèce ayant occupé les matins de notre recenseur. La Paruline obscure qui profite depuis 2009 de l’importante épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette a connu des passages hors normes en août. Il est important de préciser que nos relevés visuels débutent à 7h a.m. (depuis 2006), ce qui fait qu’historiquement notre programme s’avère peu fiable pour le suivi des migrateurs nocturnes, comme les parulines, grives et autres passereaux néotropicaux. Le nombre maximal de Parulines obscures jamais détecté en août était de 147 individus en 2011. Cette année, le total s’élève plutôt à 1037, soit près de 10 fois plus que l’ancienne marque! La Paruline à croupion jaune, qui est l’une des seules espèces de paruline à migrer aussi de façon diurne (davantage nocturne), connait aussi un départ canon avec un total de 881 individus en août, tandis que la moyenne est de 221 oiseaux entre 2006 et 2016.

Du côté des fringillidés, seul le Roselin pourpré connait un très bon début de saison avec un total de 443 oiseaux en 8 jours. Il s’agit du 2e plus haut total pour cette période, devancé uniquement par la saison 2016 alors que 952 individus avaient été détectés en août. Fait intéressant, cette année, les sorbiers d’Amérique ont une production exceptionnelle de fruits dans la région. Une analyse préliminaire de nos données semble indiquer que lors d’années de fortes productions de fruits, les roselins ont tendance à migrer plus tardivement. Le meilleur exemple est en 2014, avec un passage anémique de 2 roselins en août, mais de 3400 individus en octobre! Est-ce dire que les nombres détectés jusqu’à maintenant ne sont qu’un prélude à un passage important de roselins en octobre? Peut-être et souhaitons-le!

Les rapaces

Petite Buse. Crédit : Olivier Barden.

Petite Buse. Crédit : Olivier Barden.

Les rapaces diurnes ont connu un mois d’août beaucoup plus tranquilles. Les trois espèces observées en plus grands nombres furent la Petite Buse (128 individus), l’Épervier brun (123 individus) et la Crécerelle d’Amérique (40 individus). Les nombres totaux pour la Petite Buse et de la Crécerelle s’inscrivent dans la moyenne observée depuis le début des relevés visuels. Dans le cas de l’Épervier, il s’agit de l’un des plus lents départs depuis 2006. Certaines années, plus de 300 individus ont déjà été observés en août. Il n’en demeure pas moins que nous sommes très tôt pour tenter d’estimer la tangente que prendra cette saison 2017 pour les rapaces. Le mois de septembre nous réservera sûrement de bonnes journées!

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Stations de baguage

La station de baguage de l’OOT entrera en fonction qu’à partir du 8 septembre prochain. Le programme de surveillance des nyctales débutera alors en soirée, et ce, jusqu’au 30 octobre. Les pronostics ayant été déjoués l’an dernier concernant une éruption de la Nyctale de Tengmalm, l’OOT s’attend à un bon passage de cette espèce en 2017. Au niveau de l’équipe, deux bagueuses se succéderont aux nyctales, soit Geneviève Perreault du 8 au 25 septembre et Laetitia Desbordes, du 25 septembre au 30 octobre.

Grive à dos olive. Crédit : Pascal Côté

Grive à dos olive. Crédit : Pascal Côté

En ce qui concerne le baguage des passereaux, il débutera le 10 septembre au matin, jusqu’au 7 octobre. Le tout sera suivi d’une pause de 2 semaines. Les travaux reprendront le 21 octobre jusqu’au 6 novembre. Cette année encore, l’équipe de l’OOT, en collaboration avec Junior Tremblay, d’Environnement et Changement Climatique Canada et André Desrochers de l’Université Laval, posera des émetteurs VHF (nanotags) sur 3 espèces, soit la Grive à dos olive, la Grive à joues grises et le Quiscale rouilleux. La personne responsable de poser ces émetteurs sera Camille Bégin-Marchand qui effectue sa maîtrise sur les déplacements des grives à partir de la forêt boréale.

Outre les activités aux dunes de Tadoussac, l’OOT effectuera pour une 3e année, un suivi migratoire à la Réserve nationale de faune du Cap-Tourmente. Une équipe de baguage dirigée par Pierre-Alexandre Dumas sera sur place du 15 septembre au 22 octobre. Les visiteurs sont bienvenus pour venir assister au baguage à chaque matin du suivi.

Festival

Dernier point, mais non le moindre. La 9e édition du festival des oiseaux migrateurs se tiendra du 21 au 24 septembre, sous la présidence d’honneur de Damien Robitalle. Le pôle d’activités à Tadoussac est organisé par l’OOT, tandis que celui à Pointe-aux-Outardes est mené par le parc nature. Quelques belles nouveautés cette année à Tadoussac : l’ajout d’un volet documentaires avec le projection de 4 films portant sur les oiseaux ou leur migration ainsi que l’ajout d’une journée (le jeudi 21 sept) permettant d’offrir plus de plages horaires pour les activités aux dunes de Tadoussac ainsi qu’une croisière supplémentaire pour les oiseaux pélagiques. Toute la programmation se trouve sur le site web du festival au www.festivalmigrateurs.com

Sur ce, je vous souhaite une belle saison de migration

Pascal Côté
Directeur de l’OOT