Mardi, 16 mai 2017

Les ornithologues du Québec ont vécu à répétition le supplice de la goutte d’eau depuis la mi-avril. Un printemps pluvieux, frais avec peu de conditions favorables à des arrivages significatifs d’oiseaux. Il y aura eu une exception notable, le 29 avril,  avec un arrivage intéressant de passereaux, mais surtout grâce à une correction migratoire sur la rive nord du Saint-Laurent qui fut ni plus ni moins qu’une énorme vague déferlante de juncos, bruants, merles et roitelets. Deux membres de l’OOT, soit Jean-Michel Lagueux-Tremblay et moi-même, avons même établi un nouveau record nord-américain journalier pour le Roitelet à couronne rubis, avec le dénombrent de 4100 roitelets en 5 heures d’observation au quai des Bergeronnes. Ce défilé aérien ne s’est pas limité à la Haute-Côte-Nord, mais s’est propagé dans Charlevoix jusqu’au Cap-Tourmente. Les oiseaux ont aussi filé en remontant le Saguenay. Un spectacle impressionnant!

Cette correction migratoire fut la résultante de conditions de migration exceptionnelles dans tout l’est du continent la nuit précédente. On peut d’ailleurs supposer que certaines raretés détectées depuis la fin avril, tel que le Passerin nonpareil à Stoneham ou le Guiraca bleu à Drummondville, ont été poussés par les vents du sud qui ont soufflé le 27 et 28 avril.

Depuis, eh bien, il y a eu de la pluie, beaucoup de pluie. Des records de pluie. Passons.

Une paruline des ruisseaux capturée aux Bergeronnes, le 13 mai. Photo par Pascal Côté

Une paruline des ruisseaux capturée aux Bergeronnes, le 13 mai. Photo par Pascal Côté

Les éléments ont commencé à se replacer depuis vendredi dernier (le 13 mai). Les régions du sud-ouest du Québec ont d’ailleurs connu une première petite vague de néotropicaux entre le 13 et le 15 mai. Jusqu’à Québec et même dans le Bas-St-Laurent, près d’une dizaine d’espèces de parulines ont pu être observées. Sur la Côte-Nord, on a essentiellement eu affaire à de la Paruline à croupion jaune accompagnée en petits nombres de Parulines à couronne rousse, Parulines des ruisseaux et Parulines noir et blanc.

Selon nos données du suivi migratoire effectué depuis 3 ans aux Bergeronnes, on constate un retard de près de 4-5 jours quant aux espèces normalement observées à cette période-ci de l’année. En somme, nous sommes en attente d’une vraie vague de néotropicaux.

L’attente tire à sa fin

Les astres sont enfin alignés après plus de 2 semaines d’attente.  À l’image des conditions météo du 27-28 avril, l’est du continent connaîtra une poussée de chaleur dès aujourd’hui jusqu’à jeudi. Des vents du sud (avec certaines variantes du sud-ouest ou du sud-est) souffleront du golfe du Mexique jusqu’au Québec. Les conditions seront d’abord favorables à partir de cette nuit dans l’ouest de la province (Montérégie, Outaouais, région de Mtl). Les passereaux migrateurs bloqués depuis plusieurs jours aux États-Unis pourraient donc migrer dès cette nuit en grands nombres vers le sud du Québec. Les vents du sud vont ensuite se propager dans le reste de la province à partir de mercredi matin.

La nuit de mercredi à jeudi sera fort probablement le théâtre d’une migration très intense dans tout le Québec méridional. De l’instabilité sera aussi de la partie et les averses et/ou orages pourraient mener les oiseaux à se poser en bonne concentration dans certains secteurs.

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Sur cette carte prévisionnelle des vents et de la température à 850 hp (soit autour de 1000 m d’altitude) pour mercredi à 20h, on peut voir que les vents seront favorables dans tout l’est du continent.

Pour la nuit suivante, il y a encore beaucoup d’incertitude, mais les modèles actuels prévoient le passage d’un front froid en soirée et/ou début de nuit. Ces conditions sont propices à une correction migratoire sur la rive nord du Saint-Laurent. L’OOT pourra compter sur l’aide bénévole d’Olivier Barden, pour quantifier le phénomène, s’il se produit, tandis que l’équipe de baguage sera en fonction aux Bergeronnes.

En somme : nous sommes prêts!

Sur ce, je vous souhaite une belle fin de mois de mai.

Pascal Côté
Directeur de l’OOT